Même si la pollution lumineuse fait des ravages dans les ciels européens (voir cet article), nous empêchant notamment d’apprécier la sereine beauté de la nuit étoilée, nous avons la chance de pouvoir trouver en France métropolitaine des régions encore favorables à l’observations des astres. Après avoir photographié, en juin dernier, la splendeur de la Voie lactée estivale dans les Cévennes (retrouvez mes images sur mon blog), j’ai profité des froides nuits de l’hiver pour faire le portrait de la grande constellation d’Orion et de son environnement depuis la terrasse de l’observatoire des Pises, dans le Parc national des Cévennes.
Comme je le précise dans le texte ci-dessous, cette image montre un ciel bien plus riche que celui que nos yeux peuvent distinguer ; même sous le meilleur ciel de la planète, vous ne pourrez jamais deviner à l’œil nu les innombrables volutes gazeuses que révèle ce panorama. Néanmoins, si vous vous éloignez des lueurs urbaines pour chercher la grande figure Orion en début de nuit, au-dessus de l’horizon sud à sud-ouest, vous ne la regarderez plus de la même manière après avoir découvert les richesses qu’elle recèle.
Du côté de la technique
Pour obtenir une image comme celle-ci, il faut utiliser un appareil photographique numérique dont le capteur électronique a été modifié afin de révéler des longueurs d’onde auxquelles nos yeux ne sont pas sensibles ; dans le cas présent, il s’agit d’un boîtier Nikon D700. Il était équipé d’un objectif de 85 mm de focale ouvert à 3,2 et fixé sur une petite monture permettant de compenser la rotation de la Terre durant les poses. Les poses, parce que ce panorama est un assemblage de quinze champs, qui dépasse largement les limites d’Orion. L’étoile très brillante, visible au ras de la colline, est Sirius du Grand Chien ; la timide Voie lactée hivernale longe le côté gauche et Aldébaran du Taureau est visible en haut à droite. Le temps de pose est de trois minutes par champ, à 5 000 ISO, et j’ai utilisé un filtre IDAS-LPS-D1 pour amoindrir les effets de la pollution lumineuse. N’hésitez pas à cliquer sur l’image pour l’afficher en très grand format et la parcourir.
© Guillaume Cannat
Les nébuleuses d'Orion
Il y a de somptueuses nébuleuses dans le ciel d’hiver, mais nos yeux ne les voient pas ou ils n’en perçoivent que d’infimes portions. Pour les révéler dans toute leur splendeur, il faut utiliser des appareils photographiques numériques dont les capteurs électroniques ont été modifiés afin d’enregistrer une portion du spectre lumineux qui nous est inaccessible à l’œil nu. L’autre intérêt d’utiliser un appareil photographique numérique modifié – les amateurs parlent d’un appareil « défiltré » – est d’enregistrer également les couleurs de ces vastes nuages interstellaires essentiellement composés d’hydrogène et de nous montrer ainsi un ciel d’une richesse et d’une coloration insoupçonnées.
La nébuleuse d’Orion est l’une des plus belles nébuleuses visibles à l’œil nu depuis l’hémisphère Nord. Si l’on s’éloigne de seulement quelques kilomètres de la lumière artificielle des agglomérations urbaines, on peut distinguer sans difficulté cette petite tache un peu plus claire que le fond du ciel juste en dessous de l’alignement des Trois rois. En mars, Orion et ses Trois rois sont bien visibles en début de nuit à plus de 20° de hauteur au-dessus de l’horizon sud à sud-ouest – en ouvrant la main au maximum et en tendant votre bras, vous couvrez près de 20° sur la voûte céleste. Pourtant, celle que l’on appelle habituellement la « grande nébuleuse d’Orion » n’est, en fait, que l’infime portion visible à l’œil nu d’un gigantesque complexe gazeux qui baigne toute la constellation et constitue l’une des principales zones de formation stellaire dans notre proche environnement galactique. En nous révélant une fraction de la complexité du cosmos, la photographie nous amène à le voir et à l’interpréter différemment, même lorsque nous n’avons que les yeux pour l’observer.
DES NOUVELLES DU CIEL…
Depuis que j’ai créé le blog Autour du Ciel sur lemonde.fr (janvier 2014), je mets en ligne le premier de chaque mois un long billet de présentation des principaux rendez-vous astronomiques visibles à l’œil nu ou avec du petit matériel (jumelles, lunette).
Je vous invite à mettre Autour du Ciel dans vos favoris et à le consulter régulièrement.
Cliquez sur les images pour découvrir en détail les rendez-vous astronomiques du mois.
Au programme : la splendeur des nébuleuses d’Orion dans le ciel du soir, Vénus qui flirte avec le Soleil, et les planètes Mercure, Mars, Jupiter et Saturne qui peuplent le crépuscule et l’aube...
Imprimez en grand format les cartes du ciel visible le soir et à l'orée de l'aube
Toutes les phases de la Lune en 2017 (dates et constellations)
Coucher de la pleine lune derrière un voile nuageux.
© Guillaume Cannat
DES LIVRES…
En cliquant sur l'image vous téléchargerez le fichier pdf plein format de la page du mois de mars extraite de mon CALENDRIER ASTRONOMIQUE 2017. Vous pourrez ainsi découvrir le contenu et la maquette mensuelle de cet ouvrage grand format – 35 x 58 cm ouvert – qui signale les rendez-vous célestes à ne pas manquer au fil des mois. Il n’est pas trop tard pour l’afficher en bonne place dans votre cuisine ou votre bureau.
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Le Ciel à l’œil nu en 2017 est en rupture de stock chez l'éditeur et il ne sera pas réimprimé. Les exemplaires que vous pouvez encore trouver chez certains libraires ou en ligne sont les derniers.
Une version numérique pour tablettes et PC est disponible sur iBookstore et sur Google Play.
La rédaction et la préparation du Guide du Ciel 2017-2018 avancent à un bon rythme, vous pouvez le découvrir et le pré-commander en suivant ce lien...
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