© Guillaume Cannat
Lorsque je pars en randonnée en montagne, j’emporte toujours avec moi de quoi photographier le ciel. Sans vouloir à tout prix réaliser la plus belle image du monde, je tente de fixer l’ambiance visuelle que j’admire la nuit. Dans le cas présent, je me trouvais dans les Pyrénées, au-dessus du lac des Bouillouses, et j’observais le majestueux déploiement du cœur de la Voie lactée, du Sagittaire au Scorpion, au-dessus d’un horizon sud envahi par la pollution lumineuse de Barcelone. Ce paysage galactique est une mosaïque de 30 images ; chaque image a été posée 30 secondes avec un objectif de 85 mm diaphragmé à 3,2 et une sensibilité de 2 500 ISO.
Papillon de nuit
Quelques minutes après le départ du Soleil, le ciel acquiert une transparence unique et les ultimes frissons du jour secouent timidement les arbres et les herbes. La nuit monte souverainement, incendiant les étoiles par brassées. Appuyé sur le capot de ma voiture, les oreilles parfois distraites par les claquements secs du moteur qui refroidit, je laisse mon regard balayer les hauteurs du soir. Je ne cherche pas à reconnaître quoi que ce soit, j’ai tout mon temps, cela viendra plus tard. Parfois, j’ôte même mes lunettes pour embrasser l’immense voûte sans aucune limitation ; l’image un peu floue m’inonde de joie. Si je ne distingue pas les astres les plus faibles, j’aperçois cependant les bordures inachevées de la Voie lactée et les méandres sombres qui l’échancrent. La Terre, le ciel et moi ne formons plus qu’une seule et même entité et, en souriant, je m’imagine vu du ciel, épinglé sur ma planète comme un papillon de nuit dans l’album d’un collectionneur galactique.
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