Quelques heures sous les étoiles
« C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’aire ni de gîte,
Qui n’avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille, En l’an de paille sur leur erre…
Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants ! »
Saint-John Perse, Vents (Éditions Gallimard, 1960)
Lorsque je contemple une aurore boréale, voire une simple photographie d’aurore boréale, ces vers de Saint-John Perse me viennent systématiquement à l’esprit. Je sais bien qu’ils ne décrivent en rien ce que je vois, qu’ils n’ont pas été écrits dans ce dessein et que je les sors de leur contexte. Pourtant, ils prennent en moi une signification bien particulière, ils entrent en résonance avec mes pensées et je ne peux m’empêcher de voir à travers eux les vents solaires furieux parcourant l’espace et s’abattant sans trêve ni repos sur le champ magnétique terrestre. Je vois ces courants particulaires comme autant de filaments furieux qui pénètrent la noirceur du soir, bousculant tout sur leur passage, laissant derrière eux des lames et des aiguilles colorées qui s’agitent, se mélangent et déferlent sans fin sur le monde.
© Stéphane Vetter
Du côté de la technique
Cette image est tirée du time-lapse Ice Dancing réalisé en Islande par l’astrophotographe français Stéphane Vetter ; cliquez sur l’image pour l’afficher en grand format. Au premier-plan, Jökulsárlón est une lagune qui charrie des petits icebergs en provenance de la langue glaciaire du Breiðamerkurjökull, au sud de l’immense calotte du Vatnajökull. L’arche phosphorescente d’une aurore boréale envahit le ciel et enveloppe la Grande Ourse.
Le time-lapse spectaculaire rassemble plusieurs nuits d’observation sur les berges du Jökulsárlón. Il est visible ci-dessous en petit format, mais je vous engage à le regarder en plein écran à la meilleure résolution possible et, surtout, avec la bande-son délicate proposée par l’audio-naturaliste Marc Namblard. Je viens de découvrir le travail de ce-dernier et, notamment, ses superbes enregistrements d’ambiances naturelles réalisés dans les Cévennes et ses incroyables prises sonores du brame du cerf qui accompagnent un nouvel ouvrage du photographe Vincent Munier et me replongent au cœur de mes récentes nuits d’observations de la voûte céleste sur le mont Aigoual.
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